Conseils pratiques aux victimes
Il nous a paru indispensable de créer un service spécialement destiné aux victimes de la route gravement handicapées.
De plus, de nombreuses personnes handicapées lourdement (tétraplégiques, paraplégiques, amputées ...) ont souhaité nous rejoindre pour vous faire profiter de leur expérience et de leurs conseils dans toutes les démarches d'indemnisation.
Un site créé par des handicapés pour des handicapés
Romain SAUVAGE
Responsable du service
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Tétraplégique à la suite d'un accident de la route, j'ai du me reconstruire pas à pas et affronter toutes les phases de cette véritable renaissance.
Tout d'abord, j'ai du lutter contre mon propre corps et même contre le désespoir pendant toute la durée de mon hospitalisation.
En effet, après l'instant d'une brutalité extrême de l'accident, en réanimation ou en chirurgie, plongé dans cet univers de haute technologie, le blessé, même entre la vie et la mort, conserve l'espoir d'une guérison sans séquelles et d'un "retour à la vie comme avant".
Après la phase aiguë, lors du passage dans les services de médecine physique et de réadaptation, dans les centres de rééducation fonctionnelle, les blessés découvrent la réalité de leur situation.
Il faut réapprendre l'indépendance de la vie quotidienne comme la toilette, l'alimentation, l'habillage du haut et du bas, le contrôle des sphincters, la station assise au lit puis au fauteuil roulant, les passages du lit au fauteuil, du fauteuil aux toilettes, du fauteuil à la table de kinésithérapie ...
Un jour, de différentes manières, le médecin va vous annoncer le caractère définitif de votre handicap.
Cette annonce est un élément fondamental de la construction d'une nouvelle identité : "j'existe avec ce qui me reste et non plus avec ce que j'ai perdu".
Le retour dans le monde extérieur est une épreuve toute aussi redoutable.
C'est à l'extérieur, dès la sortie, que le blessé se heurte à la réalité d'un monde qui n'accepte pas la différence.
Il lit dans le regard des autres, dans l'absence d'accessibilité de la ville et de la société : architecture, transports, éducation, loisirs, monde du travail.
Encore plus grave, son logement où il a vécu heureux de nombreuses années, totalement inadapté maintenant, semble vouloir le rejeter.
Il faut envisager de modifier toute la structure de l'habitation pour lui permettre de recevoir non pas un homme debout mais assis dans un fauteuil roulant avec une mobilité réduite.
Souvent le dilemme se pose : faut-il garder son ancien logement en réalisant les différents aménagements nécessaires pour palier votre handicap ou changer de domicile et abandonner tous les souvenirs matériels de votre vie antérieure ?
A ce moment, il faut encore se battre contre la compagnie d'assurance qui, dans la majorité des cas, va contester le bien fondé de vos demandes pourtant fort légitimes.
J'ai eu la chance de connaître la Fédération Nationale des Victimes de la Route qui m'a assisté dans toutes mes démarches pour obtenir une juste indemnisation de mes préjudices auprès de la compagnie d'assurance mais m'a aussi permis de bénéficier d'une aide technique efficace au moment de mon retour à domicile tant pour l'aménagement de mon habitation pour le choix du fauteuil, des modifications de la voiture, du cadre de vie.
Ce sont des détails qui vous paraîtront simples mais qui sont en réalité d'une grande utilité.
Il m'a semblé opportun de pouvoir faire bénéficier d'autres handicapés de mon expérience dans le monde du handicap et c'est pour cette raison que j'ai rejoint le service "Grand Handicap" de la F.N.V.R. »
Docteur Dominique Michel COURTOIS
Président de la Fédération Nationale des Victimes de la Route
Vice-Président de la Fédération Européenne Contre l'Insécurité Routière.
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Dans nos actions au sein de ces deux Fédérations, nous côtoyons quotidiennement des accidentés de la route, gravement blessés, pour qui, en une fraction de seconde, la vie a basculé dans l'horreur et le désespoir.
Mais, à force de courage, de persévérance, de travail acharné, avec l'aide de la rééducation, du ré apprentissage de gestes simples, de reconversion professionnelle, beaucoup de ces victimes ont repris une place dans la société.
Pour toutes ces victimes, il faut leur réapprendre à lire, à compter, à mobiliser un doigt, puis un bras, une jambe, à marcher pour rebâtir un projet de vie.
Il faut aussi parler de l'indemnisation des victimes des accidents de la route et des accidents corporels de façon plus générale.
Nous ne sommes pas des magiciens, des faiseurs de miracles et nous savons parfaitement qu'une indemnisation financière même conséquente ne rendra jamais un bras, une jambe ni la possibilité de marcher à un hémiplégique.
Cependant, tout handicapé doit se projeter dans l'avenir, penser à son retour à domicile et c'est à ce moment que les difficultés commencent.
Les blessés vont quitter le cocon protecteur que représente le centre de rééducation et vont franchir la porte de leur ancien domicile et là rien ne va plus.
Les portes trop étroites, les marches d'escalier, la salle de bain et la cuisine inaccessibles, vont lui jeter son statut d'handicapé en pleine figure. Il est donc primordial de l'aider à anticiper pour aménager son nouveau cadre de vie.
Il faudra aussi lutter contre les compagnies d'assurance dont le souci omniprésent de rentabilité leur fait souvent oublier la dimension humaine du problème à résoudre.
Toutes les personnes qui travaillent bénévolement au sein de la Fédération Nationale des Victimes de la Route sont animées par la même volonté d'aider les victimes à se reconstruire et à transmettre un message d'espoir à tous les blessés graves qui, dans leur lit d'hôpital, dans les centres de rééducation ou de retour à domicile pourraient douter qu'une nouvelle vie s'ouvre devant eux, certe différente, mais combien plus enrichissante car il s'agit d'une véritable renaissance. »